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Dix grammes au bout des lèvres

26 mars 2007

IV

Le samedi suivant.

Tu te rends compte que tu n’avais plus pour habitude de t’enfuir de ta vie, pour être seul, mais plutôt de t’enfuir de ta vie dans l’espoir de la retrouver.

Tu commençais à peine à traverser le boulevard, quand tu la croisais, elle.

Elle partait, tirant sur son mégot, puis le jetant en même temps qu’un premier et dernier regard sur toi.

Tu la vis entrer dans le bureau de tabac.

Tu courrais vers le banc, vis qu’elle t’avais répondu.

« Avec son amie, tu les trouvaient bien assemblées

Elle est parti, une nouvelle fois, tu as contemplé, »

Tu pris ton feutre, que désormais tu ne quittais plus, et écrivis:

« Sa démarche mal assurée.

Voilà qu’après des années »

Tu estimais que tu avais écris quelque chose de bon, qui annonçait une nouvelle rencontre, ou de nouveaux rebondissements.

Puis, tu traversa le boulevard de nouveau, au même moment, elle sortait de la petite boutique, deux paquets de Vogue à la main, un téléphone noir dans l’autre.

Elle parlait doucement, mais d’une voix enjouée, faussement enjouée peut être, mais tu n’en étais pas sur.

Tu ne pouvais plus te fier à ton regard, qui voyait ce que ton cœur souhaitait voir.

Il souhaitait qu’elle n’aime personne, désirait que votre rencontre lui fasse découvrir la joie et le bonheur de vivre.

Mais rien ne te permettait de dire qu’elle n’était pas heureuse, comblée, ou même pire, amoureuse.

Elle rangeait les deux fins paquets ainsi que son téléphone dans un sac qui n’était pas le même que la semaine dernière.

Celui-ci était entièrement noir et grand.

Elle portait une robe noire avec un décolleté en bustier, joliment finit par un nœud. Une veste noire venait la réchauffer en cette mi-octobre. Des escarpins noir à talons vertigineux lui faisaient des jambes sublimes; à chaque pas, les semelles rouge sang de celle-ci apparaissaient comme pour faire savoir qu’elle était quelque un de passionnée.

Sa démarche était assurée, elle marchait vite, les pieds quasiment alignés, comme si elle marchait sur un fils.

Tu la suivait sans savoir vraiment ou cela te mènerai mais tu ne voulais pas la laisser partir, tu souhaitait connaître sa vie, un peu, connaître une partie de son monde, de son entourage.

Elle se dirigeait vers la Place St Georges, tu craignais d’y rencontrer des amis, de vagues connaissances, ou autre.

Mais tu préférais prendre le risque d’être ralenti plutôt que la décision de la quitter là.

Quand elle passa, la plupart des gens la suivirent des yeux, certains d’admiration, d’autres de haine ou de jalousie. Elle ne leur accorda pas le moindre regard, continua sa route, avec une démarche encore plus franche et rapide.

Comme tu le craignais, à ton passage, quelque un t’interpella, tu calqua ton pas sur le siens et ne te retourna pas.

Tu déciderai plus tard de ce que tu dirais à cette personne, pour le moment, ton esprit était ailleurs, et il se dirigeait vers un café.

La jeune fille retrouva un groupe, bruyant, composé de filles parlants et riants trop fort.

L’une d’elles était blonde, avait les cheveux bouclés et des yeux d’un bleu perçant, son rire était trop aigu, tout comme sa voix, et son allure, d’un comique déconcertant.

Elle ressemblait à une sorte de caricature de la jeune fille du Monument aux Morts.

Là ou celle-ci adoptait un look élégant rétro ou vintage avec un naturel troublant, son amie semblait serrée dans ses vêtements, comme une actrice jouant un rôle qui ne lui conviendrait pas, dont elle n’aurait pas appris les répliques.

Tous ses gestes étaient calculés, et lorsqu’elle tirait sur sa cigarette on aurait dit qu’elle s’attendait à être prise en photo à tout moment. La jeune femme que tu suivais par contre, aurait pu être prise en photo constamment elle aurait était magnifique, mais jamais elle ne pensait à cette éventualité.

Elles étaient quatre, attendaient devant le café d’avoir finis leurs cigarettes; tu pris la décision d’entrer pour ne pas donner l’impression de l’avoir suivie.

Tu passas commande d’un jus de pomme, c’était encore le matin, tu voulais rester clair, on ne sais jamais des fois que vous ailliez fini par discuter…

Elles entrèrent quelques courtes minutes après toi, elles s’installèrent quelques mètres plus loin, tu ne la voyais que de profil, avais en face de toi son amie blonde. Tu ne comprenais pas ce qui pouvait les lier toutes les deux. Son téléphone sonna, ses trois amies tournèrent les yeux vers elle avec un rire hystérique, un rire inexpliqué, probablement inexplicable.

Elle avait l’air énervée par cette réaction; pour ne plus entendre leurs piaillements, elle fermait son oreille gauche d’une main et appuyait son téléphone sur l’autre.

Elle raccrocha, quitta la table précipitamment et ce dirigea vers les toilettes; elle passa devant ta table sans te voir.

Après de longues minutes, elle revint, tu la regarda dans les yeux, elle avait les yeux gris, gris et brillants, comme si elle venait de pleurer, mais tu ne pouvais en être certain, son visage ne laissait aucune trace de larmes éventuelles.

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25 mars 2007

III

Dimanche matin.

Cela fait longtemps que tu as pour habitude de sortir pour prendre l’air, seul. Ce jour là, fidèle à ton habitude, tu sors, sur les coup de dix heure du matin. Ton coin fétiche? Le Monument aux Morts, le jardin qui se trouve quelques mètres plus loin.

Une fois dehors, tu remontes la petite rue qui mène a une autre place ou tu as coutume de retrouver tes amis le soir, l’après midi, et à tous les moments de la journée, sur cette place, vous surpassez dans un domaine: la débauche. Vous faites partie de ce que les autres appellent la jeunesse dorée, et cela vous convient parfaitement.

En chemin, tu te surprend à penser à cette inconnue de la veille. Et si aujourd’hui encore tu la croissais? Peut être la verrais tu de façon distincte… Comme tu aimerai.

Et voilà, tu y est. Tu traverses le boulevard, et la voit, elle a un livre à la main, un surligneur rose dans l’autre. Tu es pris d’une envie incontrôlable de t’asseoir sur le banc d’en face, vous vous retrouveriez dans la même situation que la veille, et ce serait une scène d’un romantisme extrême pour une rencontre amoureuse, comme dans les films.

Mais tu n’oses pas, et si elle te prenait pour un fou?! Préférant ne pas prendre ce risque, tu t’installes sur un banc plus loin, de ta place, tu peux la voir, mais elle, ne pourrais pas remarquer ta présence, à moins de le vouloir. Et si elle le voulait, se serait plutôt bon signe n’est-ce pas?

Elle est vêtue de noir de la tête aux pieds, porte un short noir avec des collant très opaques, un énorme cardigan resserré à la taille par une large ceinture en cuir. Ce cardigan semble être celui d’un homme. Et s’il appartenait à celui qui partage sa vie? Tu préfère penser qu’il appartient à son père.

Ses cheveux sont relevés, si tu était derrière elle, tu pourrais lui caresser la nuque, la couvrir de baisers doux et chauds… Tu arrête ton esprit qui part déjà loin de la réalité, comprenant que tu ne contrôle plus rien, que cette jeune femme t’attire d’une façon inexplicable, bien que tu n’en sache rien.

Tu l’observes pourtant encore, et encore, la regarde surligner des phrases par ci, par là. Tu aimerai savoir quel est cet ouvrage, pouvoir le lire, savoir ce qui provoque chez elle, cette envie de mettre en avant certains passages.

Tu as peur de la voir partir à tous moment, mais, pour l’heure, elle allume une cigarette. Ce ne sont plus les même que la dernière fois, ce ne sont pas des Marlboro, celles-ci, sont fines, tu reconnais les Vogue

que fumait, une jeune femme que tu avais rencontré lors d’un mariage.

Cela lui donne une allure encore plus plaisante. Cette fois, ton affirmation ne pourra être contesté par personne, on la croirai sortie d’un film. Sortie de ton film, elle ressemble comme deux gouttes d’eau au personnage que tu imagine être ton coup de foudre passionné dans tes rêves.

Tu décide de te déplacer pour te mettre sur le banc en face du siens.

Elle ne semble pas remarquer ta présence, elle lit, passionnée par un livre dont tu peux enfin lire le titre « Au-delà du fleuve et sous les arbres », d’Ernest Hemingway. Tu ne l’as jamais lu, tu n’as d’ailleurs jamais lu aucun livre de cet auteur. Tu sais ce qu’il te reste à faire, rien que cette petite information de ravie.

Tu aimerais lui parler, mais ne sais que dire, et as peur de la déranger dans sa lecture, elle semble autant absorbé par son livre que toi par elle.

Tu ne parviens pas à la quitter des yeux, tu l’observes, son visage est baissé, mais ce spectacle te suffit, tu observe les mouvements réguliers de sa poitrine, à chaque respiration, sa main qui caresse ses cheveux, qui pose et reprend régulièrement son feutre rose.

Tu l’observe surligner des passages, et te demande d’où lui vient cette manie qui te rappelle une chanson de Zazie, « Ma vie en rose » il te sembles, mais tu n’en ai plus certain, cela fait longtemps que tu ne l’as pas écoutée.

Soudain, ton cœur semble s’arrêter, elle referme son livre. Une pensé stupide te viens à l’esprit, ton cœur avait sentit le danger de son départ avant tes yeux. Elle range l’ouvrage dans son sac à main blanc et noir, en sort un téléphone duquel, elle envoie un sms.

Qui que soit cette personne, tu la jalouse et la déteste de faire partie de sa vie. Tu aimerai en faire partie, souhaiterai être le seul, le seul et l’unique. Tu aimerai être sa vie, elle serait la tienne. Ce serait merveilleux (ton esprit s’enflamme encore).Vite, le bruit de son portable se refermant te sort de tes rêves.

Elle remet le téléphone à sa place, remarque enfin ta présence, te regarde. Tu porte une chemise blanche, un jean brut, une ceinture et des chaussures noires, ce matin, tu étais satisfait de ta tenue, mais maintenant qu’elle pose son regard sur toi, tu te demande si un pantalon noir n’aurait pas était plus approprié, tu crains d’être pris pour un adolescent immature. Mais son regards ne dit rien de cela.

Son regard ne dit rien sur ta tenue, tu n’arrive pas à savoir si elle a fais le rapprochement avec hier matin, ne sait pas si elle te regarde gentiment ou méchamment, son regard sur ta personne est rapide, mais tu te repasse la scène dans ta tête tant de fois, qu’après coup, tu as l’impression qu’il a duré longtemps. Si cela se trouve elle n’a rien pensé du tout, c’est juste rendu compte qu’elle n’était pas seule et rien de plus.

Elle jette son mégot, en même temps qu’un dernier regard sur toi.

Comme la veille, cela te semble, être une habitude, quelque chose qu’elle fait à chaque fois, pourtant, cela n’a eu lieu que deux fois, d’après ce que ton souvenir te rappelle.

Tu la regarde s’éloigner, comme une apparition, qui disparaît trop vite, tu aimerai la rattraper, mais le fait de ne pas la connaître t’en empêche.

Tu te lève alors, décidé à t’asseoir sur son banc, pour voir sa vision du monde, baisse les yeux, et vois que la même écriture régulière que la sienne à continué à écrire sur le banc.

Tu lis:

« tu t’es dis que jamais tu ne l’oublierai

Quelques mois plus tard, tu la recroisai»

Et voilà que tu cherchais quelque chose à rajouter, pour ne pas briser cette suite, qui, pourrait peut être déboucher sur une rencontre. Tu pris le même feutre que la dernière fois, et après réflexion écrivis:

« Vous étiez tout deux accompagné

Il t’as semblé qu’elle te suivait »

Peut être rompais tu le romantisme du début, mais maintenant que tu l’avais écrit au feutre noir, tu ne pouvais plus rien changer. Et si jamais elle ne répondait pas, tu pourrai toujours rajouter quelques phrases à la suite pour faire déboucher sur quelque chose de plus plaisant.

Tu décidais de rentrer chez toi, tu étais loin d’imaginer que lorsque l’on écrit une histoire, on écrit sa propre histoire en même temps.

Elle était loin d’imaginer qu’elle devenait ton héroïne.

25 mars 2007

II

Nous sommes samedi matin, tu sors acheter les journaux, il est encore tôt, le jour n’est pas totalement levé.

Tu as froid, tu avances en te frottant les mains, et observe la fumée blanche sortir de ta bouche à chaque expiration.

Tu arrives dans la petite boutique toute sombre. Il n’y a pas grand monde, juste une jeune fille dans le fond. Tu prends Le Monde, passe devant les quelques bouquins en rayon. Le genre de livre que les vacanciers achètent le matin du départ parce qu’ils n’ont plus de lecture, que les écoliers achètent le dimanche matin, parce qu’ils ont oublié de le faire la veille et qu’il ont pour devoir de le lire.

Généralement ces livres sont plus chers qu’en librairie, mais ce matin, tu n’as pas envie de rentrer chez toi, tu t’imaginerai bien en terrasse de café, avec un jus d’orange, un croissant et un bon roman… a regarder les premiers rayons du soleil se poser sur ta table et venir réchauffer ton visage.

Tu pourrais le faire, il suffirai pour cela que tu préviennes chez toi. Tu n’hésites pas longtemps, prends ton téléphone et envois un sms prévenant de ton programme. En temps normal, tu aurais culpabilisé de les mettre devant le fait accompli, devant cette décision purement égoïste, mais ces temps ci, tu ne supportais plus l’ambiance familiale, la pression que tu avais sur le dos, l’hypocrisie polie et le « je m’en foutisme » ambiant.

Tu pris un roman, facile et léger, cynique et sarcastique, un roman correspondant à ton humeur du moment, tu pris « L’Amour Dure trois ans » de Frédérique Beigbeder. Au moment de partir à la caisse, tu te retrouva nez à nez avec la jeune fille qui se trouvait au fond quand tu es entré, elle avait dans les bras pas moins de cinq magazines de mode, et Le Monde, elle aussi, ce face à face que tu n’attendais pas, te fit peur, et tu laissa échapper ton livre. Elle eu l’air gênée, te regarda ramasser l’ouvrage, et tu vus qu’elle en lisait le titre. Un sourire rêveur se dessina sur son visage, elle avait le nez retroussé, les yeux gris. Actuellement, ses yeux était ailleurs, probablement en train de penser à un jeune homme.

La pensée qui te traversa l’esprit te surpris dès que tu l’eut réalisée, quand tu avais lu dans ses yeux cet amour passionné, nostalgique et romantique tu t’étais dis « bon sang, ce que j’aimerai que de tels yeux pensent a moi, d’une si belle façons, après la lecture du titre d’un bouquin! ». Ton esprit se mit à délirer, imaginant mille et une raisons qui auraient pu provoquer chez cette jeune femme, un tel éclat.

Mais, comme toujours la réalité te rattrapa, tu devais passer en caisse, la femme derrière le comptoir, faisait cliqueter son stylo quatre couleurs d’impatience, et un vieux couple qui était entré dans la boutique au moment de ton « face à face » avec la jeune femme, attendait maintenant de payer Tele 7 jours.

Quand tu eu payé, elle était partie. Tu sortis de la boutique, regarda à droite, puis à gauche, et tu vis, cette silhouette, des très hauts talons noirs,de dix centimètres, des jambes couvertes de collants de laine noire, une robe courte en cachemire gris pâle, qui dansait sur ses cuisses à chacun de ses pas, un foulard blanc à pois noirs, les cheveux châtains clair, avec de légers reflets roux. Elle avait le pas vif, devait certainement avoir froids, elle traversa le boulevard et tourna à droite, vers le Monument aux Morts.

Quelques minutes plus tard, tu traversais le boulevards à ton tour, pour te rendre sur cette petite place qui t’as toujours faites pensée à une place de village. Petit, tu y aillait souvent avec ton père, le matin, pour préparer le brunch avant que ta mère ne se lève. Aujourd’hui, ton père ne fait plus ce genre de choses, trop occupé à dormir lui aussi, il pense sûrement que les preuves d’amour n’ont plus de raison d’être après un certain nombre d’années passées en couple.

Aujourd’hui, ce sera donc seul que tu petit déjeunera, avant d’aller rejoindre tes amis, d’oublier ta vie, d’aller prendre des drogues, ces drogues que tu prend en te disant que tu es un artiste, que tous les artistes fond ça…parfois tu te demande en quoi tu es un artiste, et puis tu te souviens, tu es un artiste parce que comme disait Shakespeare dans « Comme il vous plaira », « La vie est une pièce de théâtre. Et tous, hommes et femmes, n’en sont que les acteurs. Et notre vie durant, nous jouons plusieurs rôles. », tu es donc un acteur, et personne n’oseras te contredire, les acteurs sont des artistes.

Parfois, tu écris des poèmes, enfin des bouts de poèmes, tu t’essaye à la littérature, commence plusieurs romans, ne les finis jamais, si tu vidais ton bureau, Dieu seul sait combien d’incipit tu y trouverais.

Tu te dis que tu es trop jeune, que tu n’as pas acquis assez d’expériences, mais que dans quelques années, tu y arriveras, tu écrira un roman, un roman qui sera lu, aimé, mais aussi détesté, pourquoi ne pas s’offrir ce luxe après tout?

Pour l’heure, tu t’attablais à la terrasse d’un café, comme dans ton imagination, passais commande, et sortis le livre de sa poche. La vendeuse avait pris soit de le glisser dans une enveloppe de kraft .

C’est fou, ce que tu aimais les livre de cette collection, la couverture cartonnée beige, lui donnait un quelque chose de précieux, tu pensais que pour un livre c’était la moindre des choses que d’avoir un habillage précieux..

Tu fixa la couverture, puis regarda en direction du Monument aux Morts, en face de toi, sur un banc, tu reconnus une silhouette, qui te semblait être celle de la demoiselle de ce matin.

Elle était vraiment troublante, mais tu ne pouvais pas dire pour quelle raison.

Maintenant que tu regardais celle, que tu pensais être elle, tu te posais des questions, elle n’avait sûrement pas ton âge, aucune jeune fille de ton âge n’oserai aller s’asseoir sur un banc, seule avec des journaux. Les filles que tu connaissaient auraient toutes eût peur d’être vus seule dehors.

Cette fille la était sûrement plus âgée, mais peut importe elle te plaisait, et si elle n’était pas plus âgée, alors elle te plaisait encore plus.

On t’as toujours dis que tu aimais ce qui dérangeai.

Une fois ton petit déjeuner terminé, et ton livre commencé, tu paya l’addition, et partis.

Tu pris la direction du Monument aux Morts, sans savoir pourquoi, sans même y réfléchir. Tu ne lui parlerai sûrement pas, mais tu voulais la regarder, et avant toutes choses, être sur que ce soit la jeune femme de la boutique.

Si c’était elle, tu te mettais au défi de t’asseoir et de lui sourire, si ce n’était qu’une femme parmi d’autre, tu continuerai ton chemin sans t’arrêter .

Tu traversa le boulevard, à cette distance, tu pouvais reconnaître sa robe de cachemire gris. La position assise faisait remonter le bas de sa robe, toi qui la regardais de haut en bas, tu ne put t’empêcher de constater qu’elle portait des bas de laine et non des collants. Cela t’attirait, elle possédait le « quelque chose » en plus, qui faisait qu’elle pouvait ce permettre ce genre de petite imperfection, sans avoir l’air vulgaire.

Au moment ou tu arrivais réellement en face d’elle, elle répondit au téléphone ce qui t’empêcha de voir son visage clairement.

Tu ne pouvais tout ne même pas manquer de constater, cet éclat qu’elle avait dans les yeux à partir de ce moment, tu ne pouvais t’empêcher de constater que plus la conversation avançait, plus éclat grandissait dans les yeux de cette poupée de porcelaine, au teint si pâle, qu’il paraissait transparent..

Alors qu’elle parlait, elle griffonnait quelque chose sur le banc, tu trouvais ce geste inattendu de la par d’une jeune fille aussi élégante Son élégance donna tous son charme à ce geste, ou peut être que c’est le geste qui donna son charme à cette élégance maîtrisée

Quoi qu’il en soit, cela te plu, et un mystère de plus vint s’ajouter à la description de cette demoiselle.

La conversation semblait toucher à sa fin, et sur ses lèvres, un sourire se dessinait, pourtant, dans ses yeux, l’éclat du début était comme noyé derrière une vague de désespoir . Tu enviait son interlocuteur, qui provoquait en elle tant de joie et de tristesse, mélange que seule une véritable passion peut produire.

Elle raccrochait et allumait une cigarette, tu faisais semblant de lire, l’observais toujours, puis, tu vis apparaître entre ses cils, une larme si claire et si belle que tu la regarda rouler le long de sa joue, d’autres arrivèrent, en silence, toujours en silence; L’une d’elle avança lentement, puis se posa sur sa lèvre supérieure Tu aurais tant voulu être une larme.

Elle ne semblait pas t’avoir remarqué, quand elle leva les yeux. D’abord sur ton livre, puis sur toi, quand elle en eut lu le titre.

Tu lui souris. Elle fit sortir un nuage de fumée grise entre ses lèvres légèrement ouvertes, et te rendit ton sourire, d’un air timide.

Elle rassemblait ses affaires, essuyait les dernières larmes qui coulaient sur ses joues, tirait une dernière taffe sur sa marlboro, se levait, puis jetait son mégot, en même temps qu’un dernier regard sur toi.

Tu la regardais s’en aller, sa jupe dansant encore. Une fois qu’elle fut trop loin pour être à porté de ta vue, tu te leva pour voir les mots qu’elle avait écrit sur le banc.

Tu lu: « Vous vous étiez rencontré dans un supermarché,

Elle pleurait, ressemblait à une poupée »

Cette phrase t’intriguait, comment pouvait elle avoir eu l’idée d’écrire cette phrase sur un banc, alors qu’elle était en pleine conversation téléphonique? Comment pouvait elle avoir eu l’idée d’écrire cette phrase?

Tu te dis alors que la poupée qui pleurait, tu ne l’avais jamais rencontré au supermarché, mais que tu l’avais vu assise ici, sur ce banc.

Tu pris le marqueur dans ta poche, et ne pus t’empêcher d’écrire à ton tour deux phrases pour compléter ce début étonnant.

Tu écrivis: «  Tu l’as regardé, fixement, tu l’admirais,

Elle a levée la tête, t’as fixée, de ses yeux mouillés »

Après tout pourquoi pas?

Puis, tu est rentré chez toi.

Tu ne savais pas, que chaque week end, elle venait tous les matins sur ce banc, pour échapper à sa vie.

Comme c’est navrant.

25 mars 2007

I

C’était un soir de septembre, tu avais ressenti le besoin de prendre l’air, mais n’avais aucun objectif en tête. Tu ne voulais aller nulle part, juste marcher.

Tu arrivais dans cette longue rue étroite, regardant droit devant toi, tu fixais le deuxième étage d’un grand immeuble luxueux, situé dans cette grande rue perpendiculaire à la tienne.

Tu regardais, sans savoir pourquoi, ce qui semblait être une chambre de femme, ou peut être de fille.

Tu ne voyais pour l’instant, que la lumière rouge qui sortait de cette chambre et qui était remarquable, dans la nuit noire de cette fin d’été.

Tu marchais plus lentement, tu t’étais presque arrêté, pour observer cette scène plus longtemps.Tu distinguais désormais plus distinctement la pièce. Au milieu de celle-ci, tu aperçus un grand lit, entouré d’une guirlande lumineuse rose.

Tu trouvais cela fantastique, son lit était comme entouré d’un halot de lumière.

Au milieu de ce lit, tu distinguais enfin une silhouette féminine, tu n’en étais pas sur, mais il te semblait qu’elle pianotais sur son ordinateur portable.

Elle avait les cheveux relevés à l’aide d’un stylo.

Elle ressemblait à une enfant, assise sur son lit, en tailleur. Renvoyait une image étrange, elle semblait ailleurs, tapant machinalement, sans regarder son écran, elle semblait écrire quelque chose qu’elle avait composé dans sa tête au long de la journée, elle semblait connaître par cœur son texte.

Elle apparaissait passionnée mais absente.

Son geste s’arrêta elle passa une main sur son visage, la fit passer dans ses cheveux, caressa une mèche qu’elle fit tortiller autour de son doigt, et la passa sur ses lèvres.

Tu l’observais, passionné par cette féminité fragile.

Elle prit son visage dans ses mains et se leva, comme pour échapper à ce décor parfait, qu’elle ne supportait plus tout à coup.

Elle fouilla dans un sac, se dirigea vers son balcon, et sortit.

Elle fumait, tout en pleurant discrètement, tu te surprenais à observer les larmes, couler les unes après les autres le long de ses joues.

Tu ne regardais plus qu’elle, toi qui étais sortis pour oublier ta vie, tu te surprenais à entrer dans la sienne avec un plaisir presque malsain.

Elle n’avait plus les yeux dans le vide, regardait les passants, suivait des yeux les voitures, puis, son regard se posa sur toi.

Tu lui souris, protecteur et bien veillant, tu l’avais tellement observée que tu n’as pu t’en empêcher. Ce geste t’as trahit.

Tu t’apprêtes à prendre la fuite, quand tu te rends compte qu’elle te rend ton sourire.

Elle semble troublée, gênée, mais tu vois dans son attitude qu’elle ne t’en veux pas de l’avoir observé, peut-être est elle flattée?

Tu avances, elle détourne le regard, pense certainement que tu es partis; Du moins tu l’espères.

Elle continua sa cigarette, essuyant les dernières larmes sur ses joues.

Elle jette son mégot, en même temps qu’un dernier regard sur toi.

Elle savait que tu étais resté.

Tu ne savais pas que tu avais changé sa soirée, habituellement, elle ne croise aucun regards.

Elle regagne sa vie à l’apparence parfaite.

Tu ne te doutes pas, que chaque soirs, elle s’en échappe dévoilant enfin ce qu’il y a au fond d’elle.

Et tu t'en vas, avec dans la tête, cette chanson que tu aimes tant. Alors tu chuchotes "Je t'ai rencontré par hazard, ici, ailleurs, ou autre part. Il se peut que tu t'en souviennes, sans se connaitre on s'est aimé..."

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