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Dix grammes au bout des lèvres
25 mars 2007

III

Dimanche matin.

Cela fait longtemps que tu as pour habitude de sortir pour prendre l’air, seul. Ce jour là, fidèle à ton habitude, tu sors, sur les coup de dix heure du matin. Ton coin fétiche? Le Monument aux Morts, le jardin qui se trouve quelques mètres plus loin.

Une fois dehors, tu remontes la petite rue qui mène a une autre place ou tu as coutume de retrouver tes amis le soir, l’après midi, et à tous les moments de la journée, sur cette place, vous surpassez dans un domaine: la débauche. Vous faites partie de ce que les autres appellent la jeunesse dorée, et cela vous convient parfaitement.

En chemin, tu te surprend à penser à cette inconnue de la veille. Et si aujourd’hui encore tu la croissais? Peut être la verrais tu de façon distincte… Comme tu aimerai.

Et voilà, tu y est. Tu traverses le boulevard, et la voit, elle a un livre à la main, un surligneur rose dans l’autre. Tu es pris d’une envie incontrôlable de t’asseoir sur le banc d’en face, vous vous retrouveriez dans la même situation que la veille, et ce serait une scène d’un romantisme extrême pour une rencontre amoureuse, comme dans les films.

Mais tu n’oses pas, et si elle te prenait pour un fou?! Préférant ne pas prendre ce risque, tu t’installes sur un banc plus loin, de ta place, tu peux la voir, mais elle, ne pourrais pas remarquer ta présence, à moins de le vouloir. Et si elle le voulait, se serait plutôt bon signe n’est-ce pas?

Elle est vêtue de noir de la tête aux pieds, porte un short noir avec des collant très opaques, un énorme cardigan resserré à la taille par une large ceinture en cuir. Ce cardigan semble être celui d’un homme. Et s’il appartenait à celui qui partage sa vie? Tu préfère penser qu’il appartient à son père.

Ses cheveux sont relevés, si tu était derrière elle, tu pourrais lui caresser la nuque, la couvrir de baisers doux et chauds… Tu arrête ton esprit qui part déjà loin de la réalité, comprenant que tu ne contrôle plus rien, que cette jeune femme t’attire d’une façon inexplicable, bien que tu n’en sache rien.

Tu l’observes pourtant encore, et encore, la regarde surligner des phrases par ci, par là. Tu aimerai savoir quel est cet ouvrage, pouvoir le lire, savoir ce qui provoque chez elle, cette envie de mettre en avant certains passages.

Tu as peur de la voir partir à tous moment, mais, pour l’heure, elle allume une cigarette. Ce ne sont plus les même que la dernière fois, ce ne sont pas des Marlboro, celles-ci, sont fines, tu reconnais les Vogue

que fumait, une jeune femme que tu avais rencontré lors d’un mariage.

Cela lui donne une allure encore plus plaisante. Cette fois, ton affirmation ne pourra être contesté par personne, on la croirai sortie d’un film. Sortie de ton film, elle ressemble comme deux gouttes d’eau au personnage que tu imagine être ton coup de foudre passionné dans tes rêves.

Tu décide de te déplacer pour te mettre sur le banc en face du siens.

Elle ne semble pas remarquer ta présence, elle lit, passionnée par un livre dont tu peux enfin lire le titre « Au-delà du fleuve et sous les arbres », d’Ernest Hemingway. Tu ne l’as jamais lu, tu n’as d’ailleurs jamais lu aucun livre de cet auteur. Tu sais ce qu’il te reste à faire, rien que cette petite information de ravie.

Tu aimerais lui parler, mais ne sais que dire, et as peur de la déranger dans sa lecture, elle semble autant absorbé par son livre que toi par elle.

Tu ne parviens pas à la quitter des yeux, tu l’observes, son visage est baissé, mais ce spectacle te suffit, tu observe les mouvements réguliers de sa poitrine, à chaque respiration, sa main qui caresse ses cheveux, qui pose et reprend régulièrement son feutre rose.

Tu l’observe surligner des passages, et te demande d’où lui vient cette manie qui te rappelle une chanson de Zazie, « Ma vie en rose » il te sembles, mais tu n’en ai plus certain, cela fait longtemps que tu ne l’as pas écoutée.

Soudain, ton cœur semble s’arrêter, elle referme son livre. Une pensé stupide te viens à l’esprit, ton cœur avait sentit le danger de son départ avant tes yeux. Elle range l’ouvrage dans son sac à main blanc et noir, en sort un téléphone duquel, elle envoie un sms.

Qui que soit cette personne, tu la jalouse et la déteste de faire partie de sa vie. Tu aimerai en faire partie, souhaiterai être le seul, le seul et l’unique. Tu aimerai être sa vie, elle serait la tienne. Ce serait merveilleux (ton esprit s’enflamme encore).Vite, le bruit de son portable se refermant te sort de tes rêves.

Elle remet le téléphone à sa place, remarque enfin ta présence, te regarde. Tu porte une chemise blanche, un jean brut, une ceinture et des chaussures noires, ce matin, tu étais satisfait de ta tenue, mais maintenant qu’elle pose son regard sur toi, tu te demande si un pantalon noir n’aurait pas était plus approprié, tu crains d’être pris pour un adolescent immature. Mais son regards ne dit rien de cela.

Son regard ne dit rien sur ta tenue, tu n’arrive pas à savoir si elle a fais le rapprochement avec hier matin, ne sait pas si elle te regarde gentiment ou méchamment, son regard sur ta personne est rapide, mais tu te repasse la scène dans ta tête tant de fois, qu’après coup, tu as l’impression qu’il a duré longtemps. Si cela se trouve elle n’a rien pensé du tout, c’est juste rendu compte qu’elle n’était pas seule et rien de plus.

Elle jette son mégot, en même temps qu’un dernier regard sur toi.

Comme la veille, cela te semble, être une habitude, quelque chose qu’elle fait à chaque fois, pourtant, cela n’a eu lieu que deux fois, d’après ce que ton souvenir te rappelle.

Tu la regarde s’éloigner, comme une apparition, qui disparaît trop vite, tu aimerai la rattraper, mais le fait de ne pas la connaître t’en empêche.

Tu te lève alors, décidé à t’asseoir sur son banc, pour voir sa vision du monde, baisse les yeux, et vois que la même écriture régulière que la sienne à continué à écrire sur le banc.

Tu lis:

« tu t’es dis que jamais tu ne l’oublierai

Quelques mois plus tard, tu la recroisai»

Et voilà que tu cherchais quelque chose à rajouter, pour ne pas briser cette suite, qui, pourrait peut être déboucher sur une rencontre. Tu pris le même feutre que la dernière fois, et après réflexion écrivis:

« Vous étiez tout deux accompagné

Il t’as semblé qu’elle te suivait »

Peut être rompais tu le romantisme du début, mais maintenant que tu l’avais écrit au feutre noir, tu ne pouvais plus rien changer. Et si jamais elle ne répondait pas, tu pourrai toujours rajouter quelques phrases à la suite pour faire déboucher sur quelque chose de plus plaisant.

Tu décidais de rentrer chez toi, tu étais loin d’imaginer que lorsque l’on écrit une histoire, on écrit sa propre histoire en même temps.

Elle était loin d’imaginer qu’elle devenait ton héroïne.

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Dix grammes au bout des lèvres
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