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Dix grammes au bout des lèvres
26 mars 2007

IV

Le samedi suivant.

Tu te rends compte que tu n’avais plus pour habitude de t’enfuir de ta vie, pour être seul, mais plutôt de t’enfuir de ta vie dans l’espoir de la retrouver.

Tu commençais à peine à traverser le boulevard, quand tu la croisais, elle.

Elle partait, tirant sur son mégot, puis le jetant en même temps qu’un premier et dernier regard sur toi.

Tu la vis entrer dans le bureau de tabac.

Tu courrais vers le banc, vis qu’elle t’avais répondu.

« Avec son amie, tu les trouvaient bien assemblées

Elle est parti, une nouvelle fois, tu as contemplé, »

Tu pris ton feutre, que désormais tu ne quittais plus, et écrivis:

« Sa démarche mal assurée.

Voilà qu’après des années »

Tu estimais que tu avais écris quelque chose de bon, qui annonçait une nouvelle rencontre, ou de nouveaux rebondissements.

Puis, tu traversa le boulevard de nouveau, au même moment, elle sortait de la petite boutique, deux paquets de Vogue à la main, un téléphone noir dans l’autre.

Elle parlait doucement, mais d’une voix enjouée, faussement enjouée peut être, mais tu n’en étais pas sur.

Tu ne pouvais plus te fier à ton regard, qui voyait ce que ton cœur souhaitait voir.

Il souhaitait qu’elle n’aime personne, désirait que votre rencontre lui fasse découvrir la joie et le bonheur de vivre.

Mais rien ne te permettait de dire qu’elle n’était pas heureuse, comblée, ou même pire, amoureuse.

Elle rangeait les deux fins paquets ainsi que son téléphone dans un sac qui n’était pas le même que la semaine dernière.

Celui-ci était entièrement noir et grand.

Elle portait une robe noire avec un décolleté en bustier, joliment finit par un nœud. Une veste noire venait la réchauffer en cette mi-octobre. Des escarpins noir à talons vertigineux lui faisaient des jambes sublimes; à chaque pas, les semelles rouge sang de celle-ci apparaissaient comme pour faire savoir qu’elle était quelque un de passionnée.

Sa démarche était assurée, elle marchait vite, les pieds quasiment alignés, comme si elle marchait sur un fils.

Tu la suivait sans savoir vraiment ou cela te mènerai mais tu ne voulais pas la laisser partir, tu souhaitait connaître sa vie, un peu, connaître une partie de son monde, de son entourage.

Elle se dirigeait vers la Place St Georges, tu craignais d’y rencontrer des amis, de vagues connaissances, ou autre.

Mais tu préférais prendre le risque d’être ralenti plutôt que la décision de la quitter là.

Quand elle passa, la plupart des gens la suivirent des yeux, certains d’admiration, d’autres de haine ou de jalousie. Elle ne leur accorda pas le moindre regard, continua sa route, avec une démarche encore plus franche et rapide.

Comme tu le craignais, à ton passage, quelque un t’interpella, tu calqua ton pas sur le siens et ne te retourna pas.

Tu déciderai plus tard de ce que tu dirais à cette personne, pour le moment, ton esprit était ailleurs, et il se dirigeait vers un café.

La jeune fille retrouva un groupe, bruyant, composé de filles parlants et riants trop fort.

L’une d’elles était blonde, avait les cheveux bouclés et des yeux d’un bleu perçant, son rire était trop aigu, tout comme sa voix, et son allure, d’un comique déconcertant.

Elle ressemblait à une sorte de caricature de la jeune fille du Monument aux Morts.

Là ou celle-ci adoptait un look élégant rétro ou vintage avec un naturel troublant, son amie semblait serrée dans ses vêtements, comme une actrice jouant un rôle qui ne lui conviendrait pas, dont elle n’aurait pas appris les répliques.

Tous ses gestes étaient calculés, et lorsqu’elle tirait sur sa cigarette on aurait dit qu’elle s’attendait à être prise en photo à tout moment. La jeune femme que tu suivais par contre, aurait pu être prise en photo constamment elle aurait était magnifique, mais jamais elle ne pensait à cette éventualité.

Elles étaient quatre, attendaient devant le café d’avoir finis leurs cigarettes; tu pris la décision d’entrer pour ne pas donner l’impression de l’avoir suivie.

Tu passas commande d’un jus de pomme, c’était encore le matin, tu voulais rester clair, on ne sais jamais des fois que vous ailliez fini par discuter…

Elles entrèrent quelques courtes minutes après toi, elles s’installèrent quelques mètres plus loin, tu ne la voyais que de profil, avais en face de toi son amie blonde. Tu ne comprenais pas ce qui pouvait les lier toutes les deux. Son téléphone sonna, ses trois amies tournèrent les yeux vers elle avec un rire hystérique, un rire inexpliqué, probablement inexplicable.

Elle avait l’air énervée par cette réaction; pour ne plus entendre leurs piaillements, elle fermait son oreille gauche d’une main et appuyait son téléphone sur l’autre.

Elle raccrocha, quitta la table précipitamment et ce dirigea vers les toilettes; elle passa devant ta table sans te voir.

Après de longues minutes, elle revint, tu la regarda dans les yeux, elle avait les yeux gris, gris et brillants, comme si elle venait de pleurer, mais tu ne pouvais en être certain, son visage ne laissait aucune trace de larmes éventuelles.

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